Une aventure familiale dans l'ocean indien

Ce qu'il y a de formidable à Mayotte, c'est que chaque sortie réserve son lot de surprises et d'émerveillement. Une émergence en plus de la ponte des tortues... Aujourd'hui un ballet d'orques spécialement pour nous en plus d'une randonnée sur la barrière de corail...

Un prestataire organise aux grandes marées une découverte de la barrière de corail, qui à cette occasion est accessible à un endroit où naturellement elle est endommagée par les conditions climatiques. C'est encore le privilège d'être dans un département où le tourisme de masse n'existe pas.

Nous voilà donc partis ...

Il s'agit d'un écosystème très complexe et passionnant duquel il faut prendre grand soin. Il y a trois barrières à Mayotte: la première, celle que nous découvrons, ceinture toute l'île pour en faire l'un des plus grand lagon du monde; la seconde est ce qu'on appelle le tombant à 200 m des côtes, accessible avec palmes-masque-tuba et la 3ème est entre les 2.

Nous vous laissons découvrir cet organisme vivant de 1 km de long et 200 m de profondeur.

Ensuite petit punch coco et tartare de poisson en mer...

Et au retour nous avons suivi les orques qui exceptionnellement sont très présents cette année dans le lagon. Quelle merveille, un ballet, ...

Un moment inoubliable (Clément nous a dit: "Je peux mourir maintenant")

Les tortues sont l'une des richesses de Mayotte. On les croise lors de baignades sur toute l'île, avec Palmes-Masques-Tuba et à l'oeil nu, en bord de plages. Elles constituent un atout majeur pour le développement touristique de Mayotte et pour autant elles sont braconnées du fait d'un contexte économique et social difficile: le kilo de viande se vend 10€.

Certains ont décidé de défendre les beautés de cette île et sa biodiversité exceptionnelle. Les Naturalistes sont de ceux-là. Nous nous sommes donc inscrits fin juillet à un bivouac tortues organisé par l'association. Le principe: aller dormir un nuit en pleine nature dans un lieu exceptionnel (comme souvent ici) pour observer les tortues pondre.

Nous nous retrouvons donc une quarantaine de m'zoungous (les étrangers en shimaoré) le 30 juillet pour 2h30 de marche afin de gagner une plage, Saziley, qui n'est accessible qu'à pied. Cette dernière a eu mauvaise réputation ces derniers temps, car une bande y sévissait pour détrousser les touristes. Un des fléaux de Mayotte! La gendarmerie a réinvesti les lieux avec des patrouilles et la taille du groupe éloigne tout risque nous concernant.

Nous sommes accompagnés par le Président et des salariés de l'association, qui au fil de la balade nous présentent les richesses de la faune et la flore locale avec quelques surprises: un arbre dont le fruit est un casse-tête ! 

Les enfants filent devant, oubliant les pas, trop curieux de découvrir ce que notre guide M'sa va leur montrer.

Et l'objectif de cette marche est tellement exceptionnel...

Nous installons le campement à côté de la maison des gardes du site (lieu de ponte des tortues), gardiens du Conseil Départemental qui depuis 3 ans ont disparu. Ils ont fait jouer leur droit de retrait du fait de l'absence de téléphone sur site en 2012 .... et depuis rien n'a été fait pour évoluer la situation. Alors la superbe maison des gardiens est démontée et revendue en pièces détachées, un peu vandalisée et très abimée... Mayotte...

Les traves des tortues sont là, mais rien ne nous garantit lors présence cette nuit.

Nous profitons donc de la soirée autour d'un voulé (picnic amélioré mahorais) en attendant qu'au milieu de la nuit on vienne nous chercher pour observer une ponte.

Et ce fut le cas à 3h00 du matin.

A 6h00, j'ai réalisé un rêve d'enfant: assister une émergence... Un instant absolument magique...

Et un levée de soleil à Saziley: de quoi ne pas regretter les conditions spartiates de sommeil!!

Après avoir présenté ce que l'île présente de plus beau, il faut aussi que nous vous montrions ce qu'est la réalité du 101ème département français, loin des autres DOM et si loin de nos réalités quotidiennes métropolitaines.

A Mayotte se construit chaque jours des dizaines de bangas, baraques de tôles sans eau et sans électricité pour accueillir les Mahorais mais aussi tous les clandestins des Comores et d'Afrique Noire qui chaque jour rêvent d'une vie meilleure en débarquant sur l'île, petit bout de France à 70km d'Anjouan.

Les équipements nécessaires en assainissement ne sont bien sûr pas suffisants et le problème des ordures est chaque jour plus visible. J'ai un peu de nostalgie rieuse en pensant à nos réunions à Ambarès-et-Lagrave avec la Communauté Urbaine sur les réglements de voirie (ceux qui ont déjà assisté comprendront)... Arrivera-t-on à ce niveau d'exigence un jour ici?

Et si l'on parlait d'équipements sportifs? Là aussi on doit économiser du temps de réunions à la Mairie de Mamoudzou sur l'arrosage des terrains et la taille du gazon pour les compétitions...

Le commerce repose sur les Bouenis, les femmes qui vendent chacune quelques légumes en bord de route. A Mamoudzou, elles peuvent être dans le marché couvert, mais ailleurs, on parle de pas de porte. Et elles font le marché et les prix de la grande distribution.

Le linge sèche au bord des routes.

Et enfin, last but not least, la capacité des Mahorais à trouver des temps de récupération partout et en tout temps. Amusant...

L'été a également été l'occasion de découvrir une des richesses naturelles de l'île: l'ylang. L’Ylang-ylang et Mayotte, c’est une longue histoire. L’île aux parfums lui doit son surnom. De la distillation de ses fleurs, on tire une huile essentielle utilisée dans l’industrie de la parfumerie, de la cosmétique et l’aromathérapie. L’ylang a été introduit à la fin du 19e siècle à Mayotte, mais peu de plantations survivent aujourd'hui. D’année en année, la surface des cultures diminuent comme le nombre d’arbres.

Les plantations de Mayotte sont anciennes, ce qui est loin d’assurer les meilleurs rendements. Quant aux installations de distillation, toujours de fabrication artisanale, elles sont la plupart du temps délabrées et installées dans des abris fragiles. Comme toujours à Mayotte, il n'y a pas de monoculture et les plantations contiennent également des arbres fruitiers (mangues, ...), des champs d'ananas ou de bananes. Tout cela ressemble fort à de la culture vivrière.

Le travail de l’ylang est pénible. Il faut traiter cinquante kilos de fleurs, cueillies à la main, pour obtenir un litre d’essence… et de faibles revenus. Car l’activité est porteuse mais les cours sont fluctuants.

Et pourtant certains jeunes reviennent de Métropole pour sauver l'exploitation familiale, comme celui qui nous a accueilli ce dimanche de juillet. Il déborde d'idées et veut faire découvrir son métier. Est-ce là l'avenir de l'Ylang-Ylang à Mayotte?

Alors nous avons travaillé, de manière assez inefficace (5kg de fleurs ramassées à 40 personnes contre 25kg à 30kg par cueilleuse professionnelle), avant de partager un repas mahorais sur l'exploitation le temps de idstiller notre récolte (...au milieu de celle des professionnels).

Moment authentique!

Après près de 2 mois de silence, nous reprenons le cours de ce blog au début de l'été pour vous faire partager un hiver austral bien animé.

Pour commencer, on nous a conseillé de vivre la ferveur d'un jeune département français lors du 14 juillet. N'ayant jamais assisté en métropole à un défilé, je ne peux pas comparer, mais comme souvent il a fallu se lever aux aurores, car le défilé commence à 8h30 et il y a foule...

(Pour comprendre l'histoire qui suit, il faut savoir qu'il y a souvent des coupures d'électricité). Le 14 juillet, lorsque nous ouvrons un oeuil...Horreur! 7h50!!! Vite nous jetons tout le monde hors du lit, pas de petit-déjeuner et on monte en voiture. Nous croisons en bas de l'immeuble notre voisin gendarme en tenue d'apparât, auquel Chris glisse: "Mais vous n'êtes pas en avance!" Et ce dernier de répondre "A 7h00, il me reste du temps!". Double horreur, nous remontons, déjeunons et attendons. Mais au moins, nous étions les premiers sur place!!

Et effectivement, les Mahorais étaient nombreux, surtout que cette année pour la première fois défilaient les jeunes du BSMA (Service Militaire Adapté, expérience unique outre-mer où des jeunes en déserrance sont pris en charge par l'armée pour faire une formation. 99% de réussite... dans un département où rien d'autre n'existe).

A l'applaudimètre, ils étaient vainqueurs, suivis de près par la Police Municipale de Mamoudzou et les Pompiers.

J'ai une pensée toute particuière pour ma mère qui tous les ans s'installe devant le défilée sur les Champs Elysées, elle qui n'a rien d'une militariste. Il y avait la légion étrangère (basée sur Petite Terre) avec ses haches!

Le bonheur d'être enfin réunis sous d'autres cieux...

Et nos premières tortues!!!

Cela se passe de mots!

Voilà maintenant 2 semaines que j'ai posé mes valises sur ce petit bout de France au milieu de l'Océan Indien et j'en découvre les richesses chaque jour au 1er comme au 2nd degré!

Par quoi commencer? Les besoins primaires, la pyramide de Maslow? 

Voiture trouvée pour me déplacer, car ici on ne compte pas son temps en voiture ... pour faire 5 km comme pour en faire 50: de toute façon tout est "à 1 heure"... C'est selon: du fait des bouchons ou des routes plus très carrossables! Mais la vue pendant les bouchons n'est pas inintéressante!

Bref, j'ai une voiture qui ne m'appartient pas encore tout à fait (pas de carte grise, pas de contrôle technique au moment de la livraison), mais avec laquelle je roule, assurée par le garage... Il ne faut pas s'en inquiéter!

Et il y a le prix, qui dépend d'un seul facteur très compliqué qui n'a rien à voir avec un quelconque argus, mais plutôt avec le montant dont a besoin le vendeur pour s'en acheter une nouvelle voiture ... A vous de juger si la main invisible du marché d'Adam Smith est efficace dans ces conditions (cela dépend si l'on se place du point de vue du vendeur ou de l'acheteur, me direz vous).

Et puis il y a le toit à se mettre sur la tête... qui apparaît de façon cyclique: en juillet et en décembre. Dommage pour ceux qui veulent se loger à un autre moment. Et la question du niveau de sécurité du lieu où habiter, qui peut varier selon votre interlocuteur et qui donc vous laisse dans 100% des cas ou dubitatif ou désespéré. Est-ce donc cela ce qu'on nomme le sentiment d'insécurité?

Mais j'ai trouvé aussi: on va tenter et on verra bien... Nous nous ferons notre propre opinion.

Ces questions résolues dans la bonne humeur quand même (à quoi cela pourrait-il servir de s'énerver?), il me reste à vous décrire tout le reste...

Le dépaysement total

La douceur de vie et le sentiment de revenir à l'essentiel 

Des paysages magnifiques

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Une faune et une flore exceptionnelles

Des Mahorais aimables et plein de dignité malgré la difficulté de leur vie quotidienne

Il me tarde à présent d'y retrouver ma famille et de leur montrer toutes mes découvertes...